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Sauvés par les algues : une ressource inestimable en temps de crise!

Par Lynn Cornish, Bien-etre des Humains, le 3 février 2021

 

L’auteure Lynn Cornish est la gestionnaire responsable des stocks de semences des algues cultivées au sein du département de R-D des Sciences des aliments de la Division du bien-être humain et animal™ des Algues Acadiennes Limitées.

 

S’il y a quelque chose que les Irlandais connaissent bien, ce sont les diverses périodes de crises! Forcés de tirer une maigre subsistance sur des terres de roches ou de récolter ce que le rivage avait à offrir, les Irlandais sont à juste titre reconnus pour leur force et leur résilience. Assurément ce sont des survivants, solides comme le roc sur lequel ils ont élu domicile!

Pendant la Grande Famine qui a dévasté leur pays de 1845 à 1849, les Irlandais furent contraints de lutter contre la pauvreté et la famine par tous les moyens possibles. Néanmoins, autour d’un million de personnes ont quand même succombé à cette terrible tragédie. Cependant, quiconque habitait au bord de la mer, c’est-à-dire pêcheurs, éleveurs de moutons et autres agriculteurs locaux, avait le droit en vertu de la loi de récolter les algues de l’estran et de la zone intertidale. Cet assortiment d’algues rouges, brunes et vertes servait à nourrir les animaux de la ferme1 et à engraisser2 la mince couche de sol si dépourvue en éléments nutritifs dans laquelle pommes de terre et choux peinaient à croître.

Pendant la Famine, la population affamée considérait toutefois comme un dernier recours l’accès aux estrans pour recueillir sa foisonnante végétation marine composée d’épais bancs d’algues nutritives. C’est ainsi que beaucoup en sont venus à assimiler les algues à une nourriture pour les pauvres et les désespérés. À preuve une citation de l’éminent Dr Michael Guiry qui signe l’avant-propos d’un livre de cuisine des plus instructifs, soit celui de Prannie Rhatigan intitulé Irish Seaweed Kitchen. Y figure une strophe d’un ouvrage datant du xiie siècle dans lequel on décrit le quotidien d’un moine irlandais :

Seal ag buain duilisg do charraig,                              Un bout de temps à récolter des algues parmi les roches,

seal ag aclaidh,                                                                un bout de temps à pêcher,

seal ag tabhairt bhídh do bhoctaibh,                          un bout de temps à faire l’aumône aux pauvres,

seal i gcaracair.                                                               un bout de temps dans sa cellule.

Peut-être était-ce le fruit d’un heureux hasard, la chance ou un autre concours de circonstances, mais c’est en mangeant des algues et parfois quelques coquillages, que les indigents ont réussi à survivre. La science moderne nous a permis de découvrir les nombreuses propriétés nutritionnelles des algues. Malheureusement pour ces affamés irlandais, la teneur en gras des algues était trop faible pour les garder en santé ou assurer leur bien-être indéfiniment. Nul doute que plus nous en apprenons sur les qualités nutritives des algues, plus nous pouvons les considérer comme une ressource inestimable surtout en temps de crise.

En effet, les algues n’ont pas uniquement été utiles en temps de famine, mais elles ont aussi joué un rôle pendant les guerres, les épidémies, les accidents nucléaires, elles ont servi dans la lutte contre les incendies et assuré la survie. De nos jours, de nouvelles technologies contribuent à créer des applications novatrices inédites, comme des emballages durables, et elles nous aident à répondre à tant d’autres besoins du xxisiècle – et ce, dans le respect de la Nature.

1.Margareth Øverland,* Liv T Mydland et Anders Skrede, « Marine macroalgae as sources of protein and bioactive compounds in feed for monogastric animals », in Journal of the Science of Food and Agriculture, 23 mai 2018.

2.Maja K. Thorsen, Stephen Woodward et Blair M. McKenzie, « Kelp (Laminaria digitata) increases germination and affects rooting and plant vigour in crops and native plants from an arable grassland in the Outer Hebrides, Scotland », in Journal of Coastal Conservation, septembre 2010.