L’automatisation à dimension humaine : comment, chez les Algues Acadiennes, on réussit à concilier la technologie et les gens

Par Acadian Seaplants Limited, Ingénierie, le 8 mars 2022

Lorsqu’on parle d’innovation, il est d’ordinaire question de nouvelles idées pour résoudre des problèmes persistants ou émergents. Il est certes passionnant de gagner du terrain sur le plan technologique et d’étendre nos capacités collectives, mais il est tout aussi important pour les innovateurs eux-mêmes de se préparer aux grands changements à venir et de prendre des mesures pour faire face aux conséquences éventuelles.

Prenons l’exemple de l’automatisation. Pour la société, elle est synonyme d’efficacité accrue, de résultats prévisibles et d’une meilleure qualité de vie pour les employés ainsi libérés des travaux éreintants. Toutefois, le Forum économique mondial affirme que 85 millions d’emplois traditionnels seront déplacés au cours des cinq prochaines années en raison de l’automatisation de divers processus. La bonne nouvelle, c’est que si les entreprises et les gouvernements assument leur rôle de gardiens de la société et aident les travailleurs à effectuer la transition, 97 millions de nouveaux emplois pourront être créés dans de nouvelles fonctions.

Tout en poursuivant l’automatisation au sein des Algues Acadiennes, nous nous sommes efforcés de garder notre main-d’œuvre intacte.  Notre entreprise est fondée sur le respect de la durabilité, l’appréciation de la tradition et l’amour de l’innovation, ce qui nous oblige à penser de façon créative et avec prudence à chaque étape de notre quête d’efficacité et de rendement accru.

Grâce à l’engagement de nos dirigeants et à l’ingéniosité de notre personnel, nous avons réussi à trouver le juste milieu qui nous a permis de poursuivre l’automatisation tout en tenant compte de la dimension humaine. Voici comment nous y sommes parvenus.

Du scepticisme face à l’automatisation à l’adhésion

Nous n’avons pas toujours été une organisation axée sur l’automatisation. Wade Hazel, ingénieur principal chez les Algues Acadiennes, se souvient qu’à ses débuts dans l’entreprise en 2000, l’organisation disposait de contrôles industriels, mais qu’elle s’appuyait sur des processus manuels pour préparer les produits à base d’algues pour ses clients. Depuis lors, Wade Hazel est devenu un acteur clé et un facilitateur du processus d’automatisation dans notre usine-phare de Cornwallis et dans d’autres sites canadiens.

Le parcours de Wade Hazel vers l’automatisation a commencé en 2006. À cette époque, l’équipe de fabrication et d’ingénierie des Algues Acadiennes a saisi une occasion d’exécuter un programme pilote d’automatisation. Wade Hazel collaborait alors avec un consultant qui avait une vaste expérience en automatisation. M. Hazel et l’équipe ont déterminé qu’il était possible de transformer un processus manuel difficile d’une étape particulière du traitement en une activité automatisée cohérente et très efficace.

« Il n’y a pas deux humains qui exécutent une tâche donnée exactement de la même manière. Chacun accorde plus ou moins d’attention à la tâche, surtout lorsqu’il y a une série de pièces mobiles et de considérations en jeu, déclare M. Hazel. Nous avons constaté qu’il y avait toujours un goulot d’étranglement à une étape particulière du processus, ce qui nous posait des problèmes. Nous avons donc commencé par là et c’est ainsi qu’a débuté notre parcours vers l’automatisation. »

Lorsque nous avons pu prouver le bien-fondé du concept et que celui-ci s’est révélé être un succès retentissant, les dirigeants des Algues Acadiennes, conscients de la valeur de ces initiatives, ont adopté l’idée à bras ouverts.

« Au départ, il y avait un certain scepticisme et une certaine nervosité, puisqu’il s’agissait de notre première incursion dans l’automatisation, poursuit M. Hazel. Les gens se demandaient si cela allait fonctionner et comment ce processus pouvait mieux s’accomplir sans intervention humaine. Aujourd’hui, Louis et Jean-Paul Deveau veulent que l’automatisation fasse partie de nos opérations partout où c’est possible. »

Une approche différente face à l’automatisation

Cela nous ramène à nos valeurs fondamentales. Plutôt que de confier des processus précis et compliqués à des algorithmes et d’en rester là, nous avons délibérément veillé à aborder l’automatisation en gardant à l’esprit la dimension humaine. Plutôt que de traiter ce progrès comme une élimination d’emplois, nous avons considéré le processus d’automatisation comme une occasion de créer des emplois durables et de plus grande valeur pour nos gens.

Les Algues Acadiennes se trouve dans une situation unique. Étant donné qu’il n’existait pas de machines spécialement conçues pour le traitement des algues lorsque nous avons lancé notre entreprise il y a 40 ans, nos travailleurs ont développé un savoir-faire très pointu en utilisant des processus manuels sur des équipements faits sur mesure.  Pour faciliter le passage des processus manuels aux processus automatisés, un principe fondamental a guidé l’activité : il fallait rendre les choses claires et compréhensibles.  Du point de vue de l’utilisateur, ce sentiment résume l’approche des nouvelles technologies dans notre entreprise. Compte tenu du large éventail d’employés travaillant pour nous, – certains sont férus de technologie et d’autres non – nous devions nous assurer que des processus clairs et compréhensibles étaient en place au moment du transfert des connaissances et de la formation des travailleurs à de nouvelles méthodes innovantes.

Cet état d’esprit nous a guidés lors de la mise à niveau de notre installation de Yarmouth en 2021. Comme c’était l’une des premières installations que les Algues Acadiennes avait obtenues et exploitées, Yarmouth fonctionnait avec un vieux système. Nos employés n’avaient donc pas une idée globale des opérations quotidiennes, des mauvais fonctionnements ou des goulots d’étranglement dans le processus de fabrication. Pendant que nous modernisions l’infrastructure dans son ensemble, nous avons décidé d’étendre le champ d’application et d’intégrer au projet des fonctions d’automatisation et d’autres fonctions à valeur ajoutée.

« La réussite du projet a avant tout nécessité l’adhésion des employés concernés, se souvient M. Hazel. Pour obtenir cette adhésion, nous devions nous assurer que le projet était bien conçu et bien exécuté, qu’il était clairement présenté et qu’il fournissait aux employés les outils, les compétences et la formation dont ils avaient besoin pour se sentir à l’aise. C’est ce que nous avons entrepris de faire. »

Au cours de la phase de mise à l’échelle du projet, Wade Hazel a élaboré du matériel de formation, il a établi des méthodes et des procédures opérationnelles normalisées qui simplifieraient la transition. Bien avant que nos employés ne voient le nouvel équipement, nous les avons guidés par des séances de formation en leur montrant à quoi ressemblerait l’équipement et comment ils y travailleraient. Nous avons même offert à nos employés de Yarmouth de visiter les installations de Cornwallis, leur permettant de voir les nouveaux systèmes et de les manipuler, ainsi que de rencontrer d’autres opérateurs et de poser des questions. Ils se sont ainsi sentis plus à l’aise et en confiance face à la transition à venir.

« À Yarmouth, notre processus d’automatisation a été très réussi, précise M. Hazel. Tous les employés, même les plus âgés, étaient prêts à s’impliquer et à apprendre le fonctionnement des nouveaux équipements et les processus. Ils voulaient faire partie du projet. Ce fut un succès retentissant. Nous avons fait passer cette installation totalement non automatisée à ce qu’elle est aujourd’hui. »

La voie de l’avenir pour l’automatisation d’AAL

Comme nous pensons toujours aux implications sociales de l’automatisation, nous cherchons constamment des occasions d’améliorer les fonctions qui renforcent notre activité et libèrent notre personnel pour qu’il puisse effectuer d’autres tâches dans le cadre de nos opérations.

Par exemple, lorsque les bateaux de nos exploitants arrivent sur les quais et dans les ports, il y a une première inspection visuelle afin de retirer les corps étrangers visibles des algues. Cependant, des éléments plus petits ou moins visibles restent toujours dans la masse d’algues, ce qui oblige les inspecteurs sur place à passer la ressource au crible pour la débarrasser des matières étrangères. « Grâce à l’automatisation du processus de filtrage, le travail de deux personnes peut être exécuté par une seule personne, ce qui permet à l’autre opérateur de faire autre chose au sein de l’installation », ajoute M. Hazel.

À l’autre bout de la chaîne de traitement des algues, nous avons repéré une possibilité d’améliorer l’emballage d’un de nos produits. L’emballage de nos produits à base d’algues en poudre implique un système complexe et un travail manuel important. Le plan que nous envisageons simplifiera grandement la chaîne de conditionnement de la poudre, réduira l’effort manuel et sera entièrement automatisé grâce à des technologies avancées. En introduisant un système d’emballage hautement automatisé, les opérateurs impliqués dans ce processus pourront être redirigés vers des rôles d’assurance de la qualité ou vers d’autres opérations qui nécessitent une intervention humaine.

Avec chaque nouvelle opportunité, nous voyons une occasion de créer justement de ces emplois à valeur ajoutée évoqués par le Forum économique mondial. Toutes les mesures d’automatisation prises dans le cadre de nos activités au Canada et à l’étranger – en Irlande, en Écosse et ailleurs – sont évaluées non seulement en fonction des avantages en termes de production, mais aussi en fonction de l’amélioration des conditions de travail de notre personnel.

En plus de former notre personnel pour conserver une main-d’œuvre motivée, nous pouvons, à mesure que notre entreprise se développe, continuer à encourager la croissance économique et favoriser des emplois décents au sein des collectivités où nous sommes présents. Nous pensons que la marée montante fait avancer tous les navires.

 

Vous voulez en savoir plus sur la manière dont nous concilions l’automatisation et la dimension humaine dans nos opérations? Consultez notre page sur l’ingénierie.

 

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